Comment la couture m’a permis de prendre confiance en moi et de développer un goût pour la mode éco-responsable
Cet article porte sur un sujet plus personnel : la manière dont la couture m’a permis d’affirmer ma personnalité, de prendre confiance en moi et de développer un véritable goût pour la mode éthique. C’est un sujet que je trouve très important et qui, je l’espère, vous motivera à vous lancer dans la couture de vos premiers vêtements !
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Cassandra
4/9/202310 min read
J'évoque souvent ce sujet sur Instagram et ma chaîne Youtube : comment le fait de découvrir la couture a changé ma manière de voir beaucoup de choses. A travers cette passion, je m’épanouis car j’ai trouvé le moyen de définir mes goûts et ma personnalité. J’ai également pris davantage confiance en moi et j’aborde différemment mon corps. Je comprends désormais mieux pourquoi on parle très souvent d’art thérapie ! Il s’agit véritablement de couture thérapie dans mon cas !
Ma manière de percevoir le vêtement avant la couture : pratique plus qu’esthétique
J’ai toujours eu du mal à affirmer ma personnalité à travers mes vêtements, j’ai toujours trouvé assez difficile de « montrer » qui je suis à travers des éléments extérieurs et visibles par crainte de déplaire. Par conséquent, j’avais le sentiment de manquer de caractère et de personnalité : je réalise aujourd’hui que ce n’était pas le cas mais que je suis passée à côté de beaucoup de choses ! J’ai toujours été très introvertie et discrète et le fait de porter quelque chose de très visible dans l’espace public qui aurait pu être mal perçu, de mauvais goût ou critiqué me gênait beaucoup. J’avais peur du « fashion faux pas » comme on dit.
J’optais pour des vêtements de qualité – des matières nobles, des couleurs aux tons sobres et élégants – trouvés en friperie car j’avais la chance d’avoir une très bonne adresse dans la ville où j’ai grandi. Cependant, les pièces choisies cachaient surtout le corps, dissimulaient les formes et étaient dispensés de toute originalité. Je voulais des choses « passe-partout », très classiques et in fine dépourvues de toute personnalité. Je crois que c’est finalement le marqueur d’un problème plus profond : le manque de confiance en moi et la volonté qu’on ne puisse jamais percevoir ma personnalité. Je ne voulais pas me « trahir » à travers quoi que ce soit.
Au fond de moi, je n’ai donc jamais été satisfaite de la manière dont je m’habillais et j’enviais les personnes capables d’assumer des pièces fortes, esthétiques, originales. Dès que j’essayais d’associer des vêtements de manière un peu originale, je n’y arrivais pas. Impossible de franchir le pas et d’oser. J’avais également peur de faire un revirement du jour au lendemain et que les autres me critiquent et se disent : « bah dis donc, elle a jamais eu de style celle-là, qu’est-ce qui lui arrive d’un coup ? ». Quand on a toujours été perçue d’une certaine manière, je trouve qu’il est difficile de changer et de faire des choses qui s’éloignent de la petite case dans laquelle on a été placé car on a toujours peur d’être critiquée…
Je n’ai donc jamais osé affirmer mes goûts pour cette raison mais aussi parce que ne me faisais pas du tout confiance. Le shopping n’a donc jamais un plaisir pour moi : je n’ai jamais rien acheté car je ne voulais pas dépenser de l’argent pour des vêtements que je n’oserai jamais porter. Je remettais en question chaque vêtement que je trouvais beau, chaque pièce que je trouvais jolie. Je n’avais pas confiance en moi pour prendre des décisions à ce sujet-là ! Cela pourra peut-être vous paraître un peu ridicule et absurde, mais c’est pourtant la vérité : impossible d’affirmer mon style jusqu’au jour où…
La découverte de la couture et l’affirmation de mon style
Avec une telle introduction, vous devez donc bien imaginer que le fait que je me mette à coudre des vêtements fut une surprise pour moi et pour mon entourage. Je n’ai jamais été manuelle et je n’ai jamais aimé la mode ! J’ai décidé d’apprendre à coudre un fameux jour de mars où l’une de mes amies d’enfance m’a proposée de l’accompagner au Marché Saint-Pierre. J’ai tout simplement été subjuguée par l’endroit et je vous en parle d’ailleurs dans l’un de mes premiers articles de blog.
Des possibilités infinies s’offraient à moi. Au premier abord, j’ai été attiré par le fait de pouvoir concevoir des vêtements pour peu cher : les prix des tissus étaient très attractifs. Ma motivation première était donc plus pratique que créative et esthétique et correspondait sans surprise à la manière dont j’ai toujours perçu le vêtement. J’étais au chômage et cela me paraissait comme une alternative intéressante pour m’occuper et renouveler un peu ma garde-robe. Cette démarche était également logique avec l’éthique que j’ai depuis toujours en achetant mes vêtements en friperie. Coudre mes vêtements me semblait être une bonne alternative : personne ne serait exploitée à l’autre bout du monde dans des usines insalubres pour fabriquer les pièces de ma garde-robe.
J’ai ainsi appris la couture auprès de ma grand-mère qui m’a transmis de précieuses techniques de couture à travers la réalisation d’une jupe à taille élastique toute simple : coutures anglaises, ourlets, coulisses élastiques…J’ai pu apprendre très rapidement auprès d’elle et j’ai surtout été surprise d’une chose : je prenais beaucoup de plaisir à concevoir le vêtement. Du plaisir à imaginer le vêtement, à visualiser son tombé, à modifier son ampleur…Pour la première fois, j’avais un rapport au vêtement qui était très esthétique et je me suis aperçue que j’avais même un avis très personnel et très tranché à ce sujet et que j’étais capable de l’affirmer. Cette affirmation se matérialisait même de manière très concrète à travers la couture et les modifications que je souhaitais faire, les idées qui jaillissaient…
Au fil de mes cousettes, je me suis donc rendue compte que mon rapport au vêtement avait changé. J’avais envie de coudre des pièces qui me ressemblaient vraiment. En choisissant et en associant un patron et un tissu, je pouvais créer tout ce dont j’avais envie ! Visiblement, j’avais besoin de cette liberté créative pour prendre confiance en moi et affirmer mes gouts. La satisfaction de concrétiser quelque chose a été plus forte que mon manque de confiance en moi.
Au fur et à mesure, j’ai commencé à coudre des pièces qui s’éloignaient beaucoup de ma zone de confort ! J’ai cousu des vêtements que j’adore et dont je suis particulièrement fière mais que je n’aurai jamais osé porter avant de découvrir la couture. Je sais désormais exactement ce que j’aime : des couleurs lumineuses ou pastel, des volumes (manches bouffantes, encolures volantées…), des décolletés plongeants, des robes et jupes portefeuilles, mais aussi des pièces ajustées qui marquent ou dévoilent la taille… J’aime le rose (je ne l’aurai jamais cru !), le vert sauge et le vert émeraude, les tons automnales et le bordeaux. Et par-dessus tout : j’aime les motifs fleuris !
La naissance d’un goût pour la mode
La couture me permet aujourd’hui d’affirmer davantage ma personnalité à travers mes vêtements et cela me permet également de prendre confiance en moi et de m’épanouir. Je me sens beaucoup moins complexée qu’avant et j’ose mettre les pièces qui me plaisent. Je n’accorde plus aucune importance au regard des autres : ce qui compte, c’est que je me sente bien dans les vêtements que je porte.
Je m’intéresse désormais beaucoup à la mode mais pas particulièrement aux tendances. J’aime découvrir les collections des créateurs de haute-couture, je me rends aux expositions, j’aime découvrir les matières utilisées, la manière dont le volume a été donné aux tissus, la manière dont chaque pièce a été pensée et assemblée, l’histoire de chaque matière textile et le savoir-faire qui se cache derrière…Je m’intéresse également à la mode en tant que fait social et la manière dont le vêtement raconte véritablement quelque chose de nous en tant qu’individu mais aussi en tant que société. J’ai acheté des ouvrages relatifs à l’histoire des modes pour comprendre comment le vêtement peut raconter l’Histoire, comment il peut nous interroger et nous apprendre nombre de choses sur des éléments qui nous semblent aujourd’hui si naturels et acquis.
Je suis particulièrement attachée aux analyses sémiotiques de Roland Barthes et cette citation résonne particulièrement pour moi aujourd’hui :
La mode ce n’est pas seulement ce que les femmes portent, c’est aussi ce que toutes les femmes (et tous les hommes) regardent et lisent : les inventions de nos couturiers plaisent ou irritent, exactement comme un roman, un film, un disque. On projette dans les tailleurs de Chanel et les shorts de Courrèges tout ce qui s’agite de croyances de préjugés, de sentiments et de résistance, bref, toute [l’]histoire de soi.”
Roland Barthes, Système de la mode, 1967
Une garde-robe éthique : une condition essentielle pour moi
Ainsi, la mode est un système de signes qui m’était inconnu mais qui me parle beaucoup aujourd’hui. J’y suis particulièrement attachée. Cependant, il me semblait impensable de raconter mon histoire à travers des pièces cousues main et des vêtements du commerce qui ne soient pas soigneusement choisies dans une démarche éco-responsable.
En effet, j’ai très vite été frappée par une contradiction : j’ai toujours été dans une démarche éthique au quotidien pour choisir mes vêtements, mon alimentation et mes produits cosmétiques. Or je n’ai jamais autant consommé de vêtements que depuis que j’ai découvert la couture et que mon goût pour la mode me pousse à vouloir acheter des pièces fortes que je ne peux pas coudre par manque de temps. Et aussi évidemment tous les accessoires que je ne peux pas coudre mais qui entrent dans la composition d’une tenue : chaussures, sacs, bijoux…
S’intéresser à la mode en tant qu’industrie qui consomme des ressources naturelles et a recours à des savoir-faire me semblent essentiel. Il est impossible de faire autrement lorsqu’on voit les conditions de production de nos vêtements et les chiffres dévoilés par l’ADEME sont vertigineux :
Le textile est le 3es ecteur consommateur d’eau dans le monde, après la culture de blé et de riz
La production d’un tee-shirt nécessite 2500 à 3000 litres d’eau, ce qui est équivalent à 70 douches
20% de la pollution des eaux dans le monde serait ainsi imputable à la teinture et au traitement des textiles
La couture m’a permis de développer une meilleure conscience écologique vis-à-vis de cette industrie. Rappelez-vous : au début de cet article, je vous expliquais que lorsque j’ai commencé la couture, j’ai été tenté par les prix bas des tissus au Marché Saint-Pierre. J’étais satisfaite du fait que je pourrais coudre mes vêtements sans que personne ne soit exploitée au cours de la découpe, de la confection et de l’assemblage de mon vêtement. J’avais tort : j’ai négligé bons nombres d’étapes de la chaîne de valeurs d’un vêtement que j’ai découvert en me penchant plus précisément sur les caractéristiques de chaque tissu pour mes projets de couture. Au-delà du simple fait de coudre, j’ai appris énormément de choses sur les conditions de production !
Il convient ainsi de prendre en considération plusieurs choses :
Les conditions de production agricoles des fibres naturelles (coton, laine, soie, chanvre…) et artificielles (Tencel, viscose….). Ces matières premières sont-elles produites dans des conditions durables et respectueuses de l’environnement et garantissent-elles de bonnes conditions de vie aux producteurs ? Comment se déroule la fabrication des fibres artificielles ? Et quel impact a la fabrication des fibres synthétiques (pétrochimie) sur l’environnement et les hommes ?
Les conditions de transformation des fibres du tissage jusqu’à l’ennoblissement (teinture, impressions, traitement ignifuge…) sont-elles respectueuses de l’humain et de l’environnement ? Quels sont les produits chimiques impliqués dans cette transformation ?
Quel est l’ impact carbone du réseau de distribution du tissu ou du vêtement ? Combien de kilomètres a parcouru mon étoffe avant d’atterrir entre mes mains ?
Toutes ces substances sont toxiques pour les ouvriers lorsqu’ils fabriquent nos vêtements, pour nous lorsque nous les portons (ou lorsque nous les cousons) et pour l’environnement lorsque nous les lavons…
Aujourd’hui, j’ai donc appris à choisir mes tissus avec soin et je me réfère notamment aux labels suivants :
OKEO-TEX 100 Organic and ecological Textile : il certifie que les fibres textiles ne contiennent aucune substance nocive
GOTS Global Organic Textile Standard : ce label garantit l’origine biologique des textiles (95% de fibres biologiques certifiées dans le produit fini) et certifie que les conditions de production et de transformation du textile sont respectueux de l’environnement.
L’ECOLABEL européen : il indique que les produits sont respectueux de l’environnement
ECOCERT : ce label est très complet et il garantit que les produits sont respectueux de l’environnement (gestion durable de la production des matières premières, limitation des substances nocives…)
Fairtrade MAX HAVELAAR : ce label garantit le commerce équitable : il certifie ainsi une meilleure rémunération aux producteurs. Il garantit également des conditions de travail dans le respect des conventions de l’Organisation internationale du travail.
Je vous invite à cliquer sur chaque label pour en savoir plus !
Upcycling, slow couture et choix éthiques des textiles
M’intéresser à l’impact humain et environnemental de chaque tissu me pousse bien évidemment à m’intéresser aux alternatives éthiques.
Je privilégie l’achat ou la récupération de tissus de seconde-main en friperie ou en brocantes comme je le faisais avant pour les vêtements finis
J’upcycle les vêtements que je possède déjà
Je couds de manière raisonnée
J’entretiens mes vêtements avec soin pour garantir leur durabilité
Je me renseigne sur l’origine de mes achats neuves à travers les labels.
J’achète des tissus de deadstock – fins de rouleaux des stocks dormants de marques de prêt-à-porter ou haute couture – mais cela a une limite : on ne peut pas avoir les informations sur les conditions de production et si les tissus contiennent ou non des substances nocives…
Cette démarche demande parfois du temps car il faut sans cesser s’informer, croiser les informations et vérifier ce qui se cache derrière les discours marketing. C’est quelque chose qui m’intéresse énormément et je constitue désormais ma garde-robe ainsi. J’ai envie de vous partager les initiatives qui m’inspirent, les marques qui se démarquent par leurs engagements et les petites astuces pour consommer moins mais mieux au quotidien !
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